CHAPITRE TROIS

« Sérieusement, Darius, il n’y aurait pas un autre moyen ? soufflai-je. Une procédure un peu plus… professionnelle. Et si on l’amenait à l’hôpital ?

— Il existe sans doute un meilleur moyen, mais pas dans ces conditions. Je ne pense pas que tu veuilles que l’un de nous remonte à la surface cette nuit.

Je me mordillai la lèvre en silence. Il avait raison, mais je cherchais quand même une solution moins effrayante.

— Je ne sors pas, déclara Lucie. Non seulement Kalona et ses affreux mioches sont libres, mais en plus je me retrouverais coincée dehors quand le soleil va se lever, et je sens qu’il ne va pas tarder. Dans mon état, je n’y survivrais pas. Zœy, il va falloir que tu le fasses.

— Tu veux que je tire sur la flèche pendant que tu immobilises ta copine ? me proposa Aphrodite.

— Non, regarder sans rien faire serait encore pire.

— Je ferai de mon mieux pour ne pas hurler, promit Lucie avec un sérieux qui me déchira le cœur.

— Au contraire, tu peux crier autant que tu veux, lui dis-je. Tu sais quoi ? Je vais même crier avec toi ! Darius, je suis prête !

— Je vais couper le bout de la flèche sur sa poitrine, au niveau de la plume, expliqua-t-il. Ensuite, tu presseras ce carré de gaze stérile contre la plaie. Lorsque j’aurai une bonne prise sur la pointe, tu pousseras aussi fort que possible. Moi, je tirerai. Elle devrait sortir facilement.

— Mais… ça ne risque pas de me faire un petit peu mal ? demanda Lucie d’un filet de voix.

— Prêtresse, répondit-il en posant sa grosse main sur son épaule, ça va faire beaucoup plus mal qu’un petit peu.

— C’est pour ça que je suis là, intervint Aphrodite. Je te tiendrai quand tu te tordras de douleur. Comme ça, tu ne gâcheras pas le plan de Darius. Mais je te préviens : si tu essaies encore de me mordre, je ne vais pas me gêner pour te donner une bonne raclée !

— Aphrodite, je ne vais pas te mordre.

— Et si on en finissait ? proposai-je.

Au moment de déchirer ce qu’il restait de la chemise de Lucie, Darius hésita.

— Prêtresse, je vais devoir dénuder ta poitrine.

— À vrai dire, j’y ai pensé pendant que tu t’occupais de mon dos. Tu es une sorte de médecin, pas vrai ?

— Tous les Fils d’Érebus suivent des cours qui leur permettent de soigner leurs frères blessés.

Il lui sourit.

— Donc, oui, tu peux me considérer comme un médecin.

— Alors, ça ne me dérange pas que tu voies mes seins. Les médecins sont formés à ne pas accorder d’importance à ce genre de choses.

— Espérons qu’il a été bien studieux…, marmonna Aphrodite.

Lucie essaya de sourire, blanche comme un linge.

C’est à ce moment-là que je commençai à paniquer. Quand Stark lui avait tiré dessus, obéissant aux ordres de Neferet, elle s’était vidée de son sang à une vitesse alarmante. On avait eu l’impression que la terre saignait autour d’elle, ce qui avait permis à la prophétie du retour de Kalona de se réaliser. Elle s’en était bien sortie jusqu’à maintenant, parlant, marchant, gardant conscience, mais, là, elle se transformait en fantôme à vue d’œil.

— Prête, Zœy ? demanda Darius.

Je sursautai. Mes dents claquaient si fort que je réussis à peine à bégayer : « Oui. »

— Et toi, Lucie ?

— Je suppose, gémit-elle.

— Aphrodite ?

Aphrodite s’agenouilla devant le lit et attrapa les mains de la blessée.

— Essaie de ne pas trop t’agiter.

— Je ferai de mon mieux.

— A trois. Un… deux… trois !

Alors, tout alla très vite. Darius coupa le bout de la flèche comme s’il s’était agi d’une brindille.

— Couvre la plaie ! lança-t-il à mon intention, et je pressai la compresse autour de la flèche qui sortait de la poitrine de Lucie, entre ses seins

Darius passa derrière elle. Elle haletait, les yeux fermés ; de la sueur perlait sur son front.

— Encore une fois, à trois. Maintenant, tu pousses, Zœy !

J’avais envie de hurler : « Non, faisons-lui un bandage et transportons-la à l’hôpital ! », mais il comptait déjà :

— Un… deux… trois !

Je poussai de toutes mes forces tandis que Darius, s’appuyant d une main sur l’épaule de Lucie, tirait d’un geste rapide. Il y a eu un bruit répugnant.

Nous criâmes toutes les trois. Puis Lucie s’effondra dans mes bras.

— Ne retire pas la compresse, m’ordonna Darius avant de nettoyer la plaie dans son dos.

— Tout va bien. Tout va bien. Elle est sortie. C’est fini…, répétais-je en boucle.

Darius souleva délicatement mon amie et l’allongea sur le lit. Une peur à l’état brut m’envahit quand je regardai son visage.

Je n’avais jamais vu quelqu’un d’aussi pâle. Du moins, personne de vivant. De ses paupières fermées s’échappaient des larmes teintées de rouge qui formaient un contraste saisissant avec sa peau translucide. Seule sa poitrine qui s’abaissait et se soulevait par à-coups indiquait qu’elle était encore en vie.

— Lucie ? Est-ce que ça va ?

— Je suis… toujours… là, murmura-t-elle. Mais… c’est comme si… je flottais… au-dessus… de tout le monde.

— Elle ne saigne plus, annonça Aphrodite à voix basse.

— Elle n’a plus de sang, dit Darius en bandant la poitrine de sa patiente.

— La flèche n’avait pas touché le cœur, expliquai-je. Le but était de la faire saigner, pas de la tuer.

— Nous avons de la chance que le novice ait manqué sa cible.

Je me tus. Pourtant je savais ce que les autres ignoraient : Stark ne pouvait manquer sa cible. C’était le don qu’il avait reçu de Nyx et qui avait parfois des conséquences dramatiques. Or notre déesse ne reprenait jamais ce qu’elle donnait, elle me l’avait dit elle-même. Alors, malgré ce qui lui était arrivé, s’il avait voulu tuer Lucie, il y serait parvenu. Cela signifiait-il qu’il restait en lui plus d’humanité qu’il n’y paraissait ? Après tout, il avait prononcé mon nom, il m’avait reconnue…

Je frissonnai au souvenir du courant qui était passé entre nous juste avant sa mort.

— Prêtresse, tu m’as entendu ?

Darius et Aphrodite me dévisageaient.

— Oh, désolée. Je me suis laissé distraire…

— Prêtresse, je disais que si Lucie ne reçoit pas de sang, cette blessure risque de lui être fatale. Et quand bien même, je ne peux pas vous assurer qu’elle guérira. Elle appartient à un nouveau type de vampires, je ne sais pas comment son corps va réagir.

J’inspirai profondément et pris mon courage à deux mains.

— Très bien. Lucie, nous n’allons pas attendre les Jumelles. Mords-moi.

Elle battit des paupières et réussit à esquisser un sourire.

— Du sang humain, Zœy !

— Elle a raison, dit le combattant. Le sang humain nous fait toujours plus d’effet que celui d’un novice, ou même d’un vampire.

— Bon, dans ce cas, je vais me dépêcher d’aller chercher les Jumelles.

— Du sang frais serait plus efficace que du sang réfrigéré, fit remarquer Darius.

Il n’avait pas regardé Aphrodite, mais elle comprit le message.

— Non mais, je rêve ! Je suis censée la laisser me mordre ? Encore ?

Je ne savais pas quoi répondre. Par chance, Darius vint à ma rescousse.

— Demande-toi ce que la déesse aimerait que tu fasses.

— Eh, merde ! lâcha Aphrodite. Ça craint trop d’être du côté des gentils.

Elle soupira, se leva et roula la manche de sa robe. Puis elle tendit son poignet à Lucie.

— D’accord. Vas-y, mords. Mais je te signale que tu me seras encore une fois redevable ! Je me demande pourquoi c’est toujours moi qui dois te sauver la vie. Après tout, je ne…

Il se produisit alors quelque chose de franchement déconcertant. Lucie attrapa le bras d’Aphrodite, et son expression changea du tout au tout. Ma meilleure amie, douce et docile, se transforma en une inconnue féroce aux yeux rouges et luisants, qui planta les dents dans le poignet d’Aphrodite avec un rugissement terrifiant. Aphrodite poussa un cri de surprise, qui devint un gémissement troublant alors que mon amie buvait goulûment, comme un prédateur.

OK, je l’avoue, c’était dégoûtant, et en même temps très sensuel.

Les vampires et les novices sont ainsi faits. Quand ils mordent quelqu’un, ils donnent et ressentent un plaisir intense. La légende selon laquelle ils doivent égorger leurs victimes est ridicule – ou alors, il faut qu’ils aient été provoqués et, même dans ce cas, l’humain aimerait sans doute ça.

Enfin, nous sommes ce que nous sommes. Et, à en juger par la réaction de Lucie et d’Aphrodite, il ne faisait aucun doute que les vampires rouges savaient eux aussi s’y prendre.

Aphrodite s’était appuyée de façon suggestive contre Darius. Il la prit dans ses bras, se pencha vers elle et l’embrassa.

Il y avait tant d’électricité dans leur baiser que je vis presque les étincelles. Aphrodite passa son bras libre autour de ses épaules avec une passion qui montrait bien la confiance qu’elle avait en lui. Je me sentais coupable de les regarder, même si une beauté indéniable se dégageait de leur étreinte.

— Houlà. C’est gênant…

— Extrêmement gênant. On se serait bien passés de voir ça.

Je me retournai : les Jumelles étaient plantées devant la porte. Erin tenait plusieurs pochettes de sang, Shaunee une bouteille de vin rouge et un grand verre.

Duchesse entra à son tour, suivie de Jack et de Damien.

Ce dernier, un sac en papier à la main, observait Lucie, Aphrodite et Darius comme s’il s’agissait de cobayes dans une expérience scientifique.

Darius interrompit le baiser et serra Aphrodite contre sa poitrine.

— Prêtresse, elle va se sentir humiliée, me dit-il d’une voix basse, pressante.

Je ne cherchai pas à savoir à qui il faisait référence. Je me précipitai vers les Jumelles et pris une poche de sang des bras d’Erin.

— Je m’en occupe !

Détournant leur attention de la scène qui se déroulait sur le lit, je déchirai la poche avec les dents, comme si c’était un sachet de bonbons, et laissai couler une bonne dose de son contenu dans ma bouche.

— Donne-moi le verre, demandai-je à Shaunee, qui s’exécuta sans dissimuler son écœurement.

Je me léchai les lèvres avec ostentation avant de vider la poche dans le verre et la jeter à la poubelle.

— Maintenant, le vin.

Je remplis le verre à ras bord.

Sans perdre de temps, j’attrapai le bras d’Aphrodite et le détachai de la bouche de Lucie. Je me plaçai devant elle, dissimulant son corps presque nu à la vue de mes amis abasourdis.

Lucie me foudroya du regard. Ses lèvres retroussées révélaient des dents acérées, maculées de sang. Malgré son apparence monstrueuse, choquante, je réussis à dire d’une voix calme :

— OK, ça suffit ! Essaie ça, plutôt.

Elle gronda.

Bizarrement, Aphrodite émit un son similaire. Qu’est-ce qui lui prenait ? Je ne la regardai pas, voulant rester concentrée sur ma meilleure amie – qui se comportait à ce moment précis comme un animal sauvage.

— J’ai dit, ça suffit ! lançai-je d’un ton brusque, mais assez bas, pour que personne d’autre ne puisse m’entendre. Reprends-toi, Lucie. Bois ça tout de suite.

Je lui fourrai le mélange de vin et de sang entre les mains.

Un changement s’opéra alors sur son visage. Elle battit des paupières, le regard dans le vague. Je l’aidai à porter le verre à ses lèvres. Dès que l’odeur du breuvage lui parvint, elle le but à grandes goulées. J’en profitai pour jeter un coup d’œil à Aphrodite. Toujours lovée dans les bras de Darius, elle regardait Lucie avec de grands yeux hébétés.

Un malaise s’empara de moi, pressentiment qui devait s’avérer exact. Je m’adressai à Damien.

— Lucie a besoin d’une chemise. Peux-tu lui en trouver une ?

— Le panier à linge, dit Lucie entre deux gorgées. Il y a des chemises propres dedans.

Elle semblait redevenir elle-même. D’une main tremblante, elle désigna un coin de la pièce. Damien s’y précipita.

— Montre-moi ton poignet, demanda Darius à Aphrodite.

Sans un mot, elle tourna le dos aux Jumelles et à Jack, qui la dévisageaient toujours, et elle lui tendit son bras. Je fus donc la seule à voir la suite. Il porta le poignet à sa bouche et, sans détacher son regard du sien, il passa la langue sur les marques de morsure sanglantes. Aphrodite en eut le souffle coupé, et elle frémit. Le sang se mit aussitôt à coaguler. Soudain, Darius écarquilla les yeux, stupéfait.

— Oh non, fît Aphrodite. C’est ça, n’est-ce pas ?

— Oui, c’est ça, répondit-il tout doucement.

— Non ! répéta Aphrodite, bouleversée.

Darius lui embrassa délicatement le poignet, une lueur amusée dans les yeux.

— Ne t’en fais pas ; cela ne nous affectera pas.

— Promis ? murmura-t-elle.

— Je te donne ma parole. Tu as bien agi, ma beauté. Ton sang lui a sauvé la vie.

Aphrodite secoua légèrement la tête ; elle semblait partagée entre un franc étonnement et le sarcasme.

— Je me demande pourquoi je suis toujours obligée de sauver les fesses de cette péquenaude de Lucie ! Ce doit être ma punition pour toutes les saloperies que j’ai faites dans le passé.

Elle se racla la gorge et passa la main sur son front.

— Tu veux boire quelque chose ? proposai-je.

J’aurais été curieuse de savoir de quoi ils parlaient, mais je ne pouvais pas leur poser la question, puisque, manifestement, ils ne tenaient pas à ce que tout le monde soit au courant.

— Oui, elle veut, répondit Lucie.

— Voilà une chemise, dit Damien en détournant les yeux du corps dénudé de mon amie.

Je lui pris la chemise des mains et la lançai à Lucie. Puis je jetai un coup d’œil aux Jumelles. Les quelques gorgées de sang que j avais avalées commençaient à me faire de l’effet. La fatigue qui m’accablait à notre arrivée dans les souterrains s’atténua suffisamment pour que je puisse réfléchir.

— OK, les filles, passez-moi le vin. Vous avez un autre verre pour Aphrodite ?

— Je le prendrai nature, précisa Aphrodite. C’est trop répugnant, ce sang !

— On n’a apporté qu’un verre, dit Erin. Il faudra que tu boives au goulot, comme une paysanne.

— Désolée, ajouta Shaunee d’un air hypocrite en lui tendant la bouteille. Tiens, en tant qu’humaine, peux-tu nous expliquer ce que ça fait, de se faire sucer le sang par un vampire ?

— Oui, ça nous intrigue, d’autant plus que tu semblais aimer ça. Nous ne savions pas que tu penchais de ce côté-là.

— Hé, mesdemoiselles Un-Cerveau-pour-Deux ! Vous n’aviez qu’à mieux suivre le cours de sociologie des vampires ! répliqua Aphrodite avant de boire une gorgée à même la bouteille.

— En ce qui me concerne, j’ai lu la partie « physiologie » du Manuel du novice, intervint Damien. La salive de vampire contient des coagulants, des anticoagulants, et des endorphines, qui agissent sur les zones de plaisir du cerveau, humain comme vampire. Aphrodite a raison, vous devriez étudier un minimum ! conclut-il d’un ton guindé, alors que Jack hochait la tête avec enthousiasme.

— Tu sais quoi, Jumelle ? dit Shaunee. Avec tout ce qui se passe là-haut et la panique qui règne à la Maison de la Nuit, il risque de ne pas y avoir de cours pendant un bon moment.

— Exact, Jumelle. Ce qui signifie que nous n aurons pas besoin des conseils de notre puits de science pendant un bon moment.

— Tant mieux, il commence à m’agacer grave !

— Génial ! s écria Aphrodite. Je bois du vin bon marché au goulot, Mlle Country vient de me mordre pour la deuxième fois, et maintenant je suis obligée d’assister à une dispute de ringards. J ai touché le fond !

Visiblement repassée en mode garce, elle poussa un soupir dramatique et se laissa tomber sur le lit à côté de Darius.

— Au moins, je vais sans doute réussir à me soûler, maintenant que je suis humaine. Ça va me dégoûter de la boisson pour les dix années à venir.

— Pas avec mon stock de vin.

Nous levâmes tous les yeux. Une novice rouge venait d’entrer dans la pièce, suivie de plusieurs autres, qui se regroupèrent derrière elle, dans l’ombre.

— Ce n’est pas de la piquette ! Je ne fais jamais dans le bon marché.

Tout le monde fixa la novice rouge, sauf moi, qui n’avais pas quitté Aphrodite des yeux. Je ne manquai donc pas de noter la gêne et le malaise qui apparurent sur son visage, avant qu’elle ne se reprenne.

— Hé, troupeau de ringards, lança-t-elle, je vous présente Vénus, mon ancienne camarade de chambre.

Les Jumelles débiles et Damien, vous vous rappelez sans doute quelle est morte il y a environ six mois ?

Je me tournai vers l’entrée.

— Eh bien, la rumeur de ma mort a été un peu prématurée, dit la jolie blonde d’une voix suave.

Soudain, elle se figea et se mit à humer l’air. Littéralement. Elle leva le menton et renifla à plusieurs reprises, tendant le cou vers Aphrodite. Les autres novices rouges l’imitèrent. Vénus écarquilla les yeux.

— Voyons, voyons, voyons… Comme c’est intéressant !

— Vénus, ne…, commença Lucie.

— Non, l’interrompit Aphrodite. Ça n’a pas d’importance. Autant qu’ils sachent.

La blonde ricana :

— Comme c’est intéressant ! Lucie et Aphrodite ont imprimé.

[La Maison de la Nuit 05] Traquée
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